Les guerres

1870

La guerre franco-allemande, parfois appelée guerre franco-prussienne ou guerre de 1870, oppose, du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871, la France et les États allemands coalisés sous l’égide de la Prusse. Ce conflit qui se solde par la défaite de la France et le Traité de Francfort qui prévoit entres autres l’annexion par le Reich du territoire d’Alsace-Moselle ce qui a fortement marqué la vallée. De très belles pièces de cette époque sont conservées notamment une cuirasse de dragon et son casque et le drapeau de la société de tir de Wesserling daté du Second Empire.

1914-18

Quelques jours après l’entrée en Guerre de la France (le 3 août 1914), les Français lancent une offensive et parviennent (sans trop de difficulté) jusqu’à Mulhouse. Le 8 août vers 14h00, le 5e BCP entre à Saint-Amarin suivi quelques heures plus tard par le 15e BCP, les régiments d’artillerie et de cavalerie. Le 10 août, ils sont repoussés hors de la ville de Mulhouse mais conserve une petite portion de l’Alsace (d’une cinquantaine de km2) qui sera appelée « le Territoire de Thann ». Le front se fixe alors entre Thann et Mulhouse et la partie nouvellement acquise le restera jusqu’à la fin de la guerre. Toutefois la proximité du front rend la vie dans la Vallée très difficile. La situation est encore aggravée par les initiatives françaises qui, malgré les mises en gardes de Joffre, ne facilitent pas la vie des habitants de la Vallée, qu’ils continuent de considérer comme des Boches. Évacuations, réquisitions, restrictions et refrancisation sont le lot quotidien des habitants de la Vallée dont de nombreux témoignages plus ou moins sévères sont conservés dans les archives du musée et de nombreuses pièces exposées permettent de mieux se rendre compte de la situation.

PEINTRES DE GUERRE :

Les tableaux et affiches accrochés dans le couloir portent diverses signatures. Parfois celles d’artistes prestigieux et célèbres (Georges Scott, François Flameng, Charles Duvent, Théophile Steinlen), envoyés sur le front par le Ministère de la Guerre afin de faire connaître le courage des hommes, rallier la cause populaire et alimenter les journaux de propagande tel que l’Illustration avec des images fortes. Parfois leur mission est simplement de dessiner les uniformes alliés et ennemis pour les faire connaître aux troupes et éviter confusions, balles perdues et accidents voire morts inutiles. Mais les peintres officiels ne sont pas les seuls exposés ici. De simples soldats, souvent artistes de formation mobilisé, fameux ou inconnus (Azaïs, Retif, Migonney dont deux immenses toiles décoraient le foyer du soldat de Saint-Amarin), s’adonnent au plaisir du dessin et de peinture lorsqu’ils sont en période de permission. Parfois même ils ne signent pas leurs œuvres et il devient difficile voire impossible d’identifier l’auteur. Il ne faut toutefois pas croire que ceci est une particularité française. Les allemands font de même : en témoigne ce dessin de Döbrich-Steglitz, artiste réputé qui a offert à chaque survivant de son bataillon un dessin de ce genre. Certains artistes, souvent locaux mais n’ayant pas directement connu le conflit, puisent leur créativité dans les ruines des champs de bataille et parviennent à donner un jour nouveau aux terribles batailles du Viel-Armand. Kastner, Gentner et André Vedel sont de ceux-là.

DES INNOVATIONS TECHNIQUES ÉTONNANTES

D’une guerre traditionnelle de mouvement en 1914, la guerre se prolonge et devient une guerre d’usure. Elle entre dans une nouvelle phase provoquée par l’évolution technologique notamment l’aviation, les canons et les grenades.

Comme on peut le constater d’un simple coup d’œil vers l’estrade, l’uniforme français a bien évolué. Parti à la guerre avec le même équipement qu’en 1870, très vite le pantalon rouge, trop voyant, est abandonné au profit d’un uniforme bleu horizon plus discret. Devant la multitude de blessures à la tête, le képi est remplacé peu à peu par le casque Adrian. Une étape avant cette évolution est l’utilisation d’une cervelière métallique placée sous le képi. De même du côté allemand, le casque à pointe en cuir bouilli ou en feutre est relégué au rang de casque d’apparat et le Stahlheim est utilisé sur le front.

Les troupes s’enterrent et innovent en conséquence. Quelques inventions étonnantes témoignent de cette « guerre de tranchées » : le bouclier de tranchée avec un petit interstice pour y glisser le canon d’un fusil, le fusil à périscope voire même à système de rechargement différé ou même les pompes qui permettent d’évacuer l’eau et de rendre un peu plus salubre ces tranches.

Les tranchées rendent les attaques de front inefficaces. La nuit devient un moment stratégique pour attaquer et prendre l’ennemi par surprise : il a donc fallu utiliser des projecteurs et des fusées d’éclairage pour s’en sortir.

Obus et grenades d’une pleuvent donc sur les champs de bataille. Ces dernières sont de plus en plus perfectionnées. Les français inventent les fusées à shrapnel et les grenades Citron Foug. Les allemandes ripostent avec leurs étonnantes grenades tortues et leurs Kugelhandgrenades. Là encore un simple coup d’œil vers la vitrine permet de mesurer le chemin parcouru par l’innovation.

Arme tristement la plus célèbre, le 22 avril 1915, est employé pour la première fois par les Allemands le gaz asphyxiant. Très vite les alliés font de même – grenade Bertrand en porcelaine avec contenant en verre à l’intérieur – obligeant les soldats et les civils à s’équiper des masques à gaz (de plus en plus perfectionnés).

LE GÉNÉRAL SERRET ET SES CHASSEURS

Immuable soutien du Musée Serret, Mme Bertrand-Serret (fille du Général) a coupé le ruban pour l’inauguration du nouveau musée le 15 mai 1973 et a fait don de quelques effets personnels de son père au musée : deux uniformes de cérémonies, son sabre, son casque frappé des deux étoiles, son béret et son képi.

L’ALLEMAND

De par son rattachement précoce à la France, peu de souvenirs allemands sont conservés mais quelques pièces rares de qualités se distinguent : quelques modèles de casques à pointes, une cuirasse et un casque de guetteur, une médaille réalisée pour commémorer l’entrée dans Paris (ce qui n’arrivera jamais), une mitrailleuse MG08/15 avec son bidon de refroidissement et son système de réchauffage ou encore un fusil anti-tank Mauser.

HÔPITAL MOBILE ALSACIEN

Deux vitrines rappellent le destin du bâtiment. Des photos du bâtiment et de ses occupants accompagnent les nombreuses pièces de matériel chirurgical laissé sur place et un bulletin de santé d’un militaire évacué, unique témoignage de son bon traitement dans cet hôpital.

AVIATION

Quelques pièces d’exception témoignent de l’utilisation d’avions notamment un beau fragment d’hélice en bois d’un avion tombé le 19 juin 1917 entre Wesserling et Fellering. Des recherches complémentaires sont en cours afin d’obtenir des précisions sur cet évènement et ainsi développer ce thème dans les collections.

SECONDE GUERRE MONDIALE

Le 22 juin 1940, la guerre est perdue pour la France. L’armistice est signé par Pétain. La France est coupée en quatre : zone libre, zone occupée, départements du Nord directement sous l’administration militaire allemande et départements annexés. L’Alsace (ainsi que la Moselle, le Grand Duché du Luxembourg et la Belgique de langue allemande) est dans le dernier cas et fait dès lors partie intégrante du Reich. Saint-Amarin devient Sankt Amarin, la rue Principale est baptisée Adolf Hitler-strasse. L’épuration, les expulsions et la déportation vers le camp de Schirmeck puis vers l’Allemagne commencent.

RÉSISTANCE

En 1944, les choses se gâtent pour Hitler et les nazis et collaborateurs locaux deviennent plus hargneux et plus vindicatifs. La Résistance s’organise. Enfant de Saint-Amarin, fait officier le Légion d’honneur et figure emblématique de cette résistance locale, Marcel Kibler – le Commandant Marceau – a été honoré lors d’une grande exposition et fait don de nombreux effets personnels au Musée Serret notamment son pistolet mitrailleur Sten Mk5 à la crosse en bois finement gravée et son béret rouge.

LIBÉRATION

Fin 1944, les événements se précipitent à Saint-Amarin. Samedi 4 décembre, peu avant l’aube, entre dans Saint-Amarin triomphalement les troupes du commandant Henri, les goumiers marocains. Saint-Amarin est coupé en deux. Les allemands se replient sur les hauteurs du village et à Geishouse. Face à leur résistance acharnée et la rudesse de l’hiver, la décision est prise d’attendre des jours meilleurs pour avancer. La village est donc coupé en deux. Renforcé par les hommes du 1er régiment du Morvan, ce n’est finalement que le 4 février 1945 que la Vallée est définitivement débarrassé des Allemands. On recense 74 victimes du conflit (50 dans l’armée allemande, 4 dans l’armée française et 20 civils). Nombreux sont les souvenirs militaires conservés de cette période d’intense lutte.